VSV en connaissance de cause(s)

Depuis la mi-décembre 2024, 300 migrants sans toit du collectif des Jeunes du parc de Belleville occupent la Gaité Lyrique, célèbre lieu culturel parisien. Un certain nombre d’entre eux sont des mineurs. Se renvoyant la balle, la Ville de Paris et l’État refusent de leur proposer toute solution et misent sur le pourrissement de la situation. Lundi 20 janvier, Donald Trump signait des décrets ahurissants contre les migrations et montait d’un cran dans son hystérie anti-étrangers. En France, quelques jours plus tard, le ministre de l’Intérieur, pas en reste, durcissait les règles de régularisation des sans-papiers. En flirtant avec les idées d’extrême droite, Bruno Retailleau va briser nombre de destinées déjà en sursis. Ces trois exemples récents le montrent : l’exilé est le point de focalisation des politiques déliquescentes. C’est lui que l’on désigne, que l’on conspue et que l’on bloque quand on cherche un bouc émissaire pour nourrir un prétendu malaise identitaire qui plomberait le monde. La précarité des migrants, qui représentent l’inconnu, l’aventure, le mystère des vies nomades, arrange en fait beaucoup du monde. Plus on méconnait celui que l’on se choisit comme ennemi, plus on peut l’affubler de toutes les tares, de tous les oripeaux. Pratique, pour rassembler un électorat. Nous, aux Voisins solidaires de Versailles, nous savons que d’autres politiques sont possibles. Celles et ceux que nous côtoyons depuis plus de huit ne nous ont jamais démenti dans notre engagement. Nous nous faisons, en toute connaissance de cause(s), les défenseurs d’autres mentalités, d’autres approches. Pour nos quatre pôles d’activités, 2024 fut une année bien remplie. Nous sommes prêts pour 2025, et nous ne nous arrêterons pas en chemin, même si le paysage change en cours de route.


L’hébergement, en urgence maximale
D’année en année, les tendances se confirment et jamais les courbes ne s’inversent : la précarité augmente de façon continue. Jamais notre pôle hébergement d’urgence (HU) n’a recueilli autant de personnes à la rue. Avec 82 enfants, 79 femmes et 19 hommes (les conjoints) pris en charge en 2024, nos tableurs explosent. Un total de 180 nouveaux bénéficiaires… contre 65 en 2019. Face au défi des réfugiés sans abri, les pouvoirs publics manquent toujours de solutions. « Cette situation s’est encore amplifiée en 2024 par l’absence d’ouverture de structures d’accueil hivernales et par la baisse des budgets alloués par l’état français à l’hébergement d’urgence », constate Jacques-Yves Becquart, responsable du pôle. Les services sociaux, le SIAO et le 115 ne semblent plus pouvoir assurer leurs missions dans des conditions décentes et apparaissent vite saturés. De plus en plus sollicités par des associations, paroisses ou organismes, de la Cimade à Rive, en passant par la Croix-Rouge ou Dom’Asile,  les Voisins Solidaires de Versailles ont augmenté leur nombre de nuitées* (5 413 en 2025, dont 2745 en hôtel, soit près de 35 % en plus en un an). HU (où œuvrent aussi Marie-Renée Kobilinsky, Philippe Domergue et Bruno Bonfante) s’appuie aussi sur son très estimable réseau de familles hébergeantes. 23 d’entre elles ont contribué cette année. Bien entendu, VSV encourage toutes les bonnes volontés à nous rejoindre…
*Une famille de trois personnes dans une chambre pour une nuit est comptabilisée trois nuitées.


Sorties culturelles : les bienfaits de l’art
Pour une personne en exil, trouver un toit s’avère une étape cruciale et souvent dramatique. Mais d’autres opportunités peuvent la faire basculer pour quelques heures sur un versant plus lumineux de son parcours. Découvrir la culture et le patrimoine hexagonaux, penser « art » pendant un demi-journée, c’est ce que propose notre pôle Sorties culturelles à des bénéficiaires issus de plusieurs structures (Caritas, la Croix-Rouge, Infosoins et notre nouveau partenaire Alteralia). En 2024, Catherine Foucaud-Scheunemann et Catherine Ribout ont accompagné 308 personnes au château de Versailles, au Louvre, à Orsay, au quai Branly ou au musée Rodin… Une « carte de visites » prestigieuse qui s’est étoffée lors de 36 sorties ou ateliers, soit une moyenne très appréciable de trois par mois. Deux initiatives ont particulièrement marqué les esprits : en juin, un grand pique-nique dans les jardins du Château de Versailles avec la découverte des Grandes Eaux musicales ; en novembre, une visite guidée des chefs-d’œuvre du Louvre. Deux moments de grand partage pour, à chaque fois, plus de 40 personnes.. Plus que jamais, nous sommes persuadés que, elles aussi, ont droit à un accès au meilleur de notre pays. 


Des cours majuscules
Autre étape décisive pour les demandeurs d’asile et les réfugiés, l’apprentissage de la langue. Depuis leur apparition en 2016, les Voisins Solidaires de Versailles apportent leur aide avec des cours de français circonstanciés et toujours bienveillants. Grâce à Lucie Amboise, les leçons se sont poursuivies tout au long de 2024, à raison d’une fois par semaine, dans les locaux  de la Croix-Rouge de Trappes. Une belle régularité qui s’est répercutée chez un certain nombre de bénéficiaires, toujours au rendez-vous. « Ils ont su créer des liens entre eux, du coup les cours sont très agréables, raconte Lucie. J’arrive à augmenter progressivement la complexité des contenus, ce qui est très bon signe pour eux. Ils sont très en demande, donc je leur donne souvent des “devoirs” à faire à la maison. Quand ils me font part d’un besoin spécifique, j’adapte mon contenu pour répondre à leurs attentes.» Quelle meilleure pédagogie que celle qui se fonde sur l’échange ?


Le Phénix se dédouble
Pour le Phénix, comme une balle au fond des filets, tout roule. Les joueurs (une vingtaine en moyenne) se retrouvent toujours chaque week-end sur le terrain du quartier versaillais de Jussieu : en 2024, absolument tous les dimanches furent cochés sur le calendrier, quelle qu’en soit la météo. Il a même fallu refréner les ardeurs de certains lorsque des orages ont tonné au-dessus du stade… Pour les joueurs coachés par Pascal Mouneyres (par ailleurs président de VSV), 2024 fut une année plutôt festive. En mars, le Phénix célébrait ses sept ans d’existence et son 300e entrainement avec son fameux concours de tirs au buts, déjà testé pour les 100e et 200e. Au vainqueur : deux places pour un match du PSG au Parc des Princes. En été, le Phénix retrouvait… un Phénix n°2, en fait un nouveau club fondé par certains de nos anciens joueurs, en majorité soudanais et habitant dorénavant du côté de Trappes. Deux matches fratricides mais dans la bonne humeur et le plaisir de se retrouver. Et cet automne, nous nous réjouissions du retour sur les terrains de Salim et Rudy, deux blessés graves en 2023. Nous avons craint pour eux, mais ils sont bien là. En football, rien n’est jamais acquis, rien n’est jamais fini : définitivement un sport de mouvement(s).

Salim et Rudy
En attendant que l’orage passe…

Pour soutenir nos actions, vous pouvez suivre ces liens pour effectuer, sur la plateforme HelloAsso, avec votre carte bancaire :
– un don  ;
– une adhésion.
Vous pouvez également adresser un chèque à l’ordre des Voisins Solidaires de Versailles, Maison des associations et de l’emploi, 2 bis place de Touraine, 78000 Versailles, en indiquant votre adresse et la nature de votre participation (don et/ou adhésion), sans oublier de mentionner votre adresse mail pour nous permettre de vous envoyer un reçu fiscal.


Urgence pour l’hébergement

À l’approche de l’hiver, les demandes d’hébergement de femmes et enfants à la rue explosent dans une proportion bien supérieure aux années précédentes et nos finances sont désormais sous tension. Nous remercions vivement ceux qui ont déjà contribué cette année à nos actions, mais nous sommes encore loin de couvrir nos besoins. Nous risquons de ne pouvoir continuer nos hébergements à l’hôtel au-delà de la mi-janvier. Nous serions alors au regret de remettre ou de laisser les personnes à la rue.

Pourquoi cette situation ? Face à une forte augmentation du nombre de personnes en précarité absolue, les services de l’Etat n’ont pas augmenté leurs capacités d’accueil et sont déjà saturés. Au Département, les coupes budgétaires et les suppressions de postes ont des répercussions sur des associations de plus en plus sollicitées par les services sociaux. Depuis début octobre, nous avons déjà hébergé 55 personnes dont 26 enfants ! Nous sommes désormais contraints de refuser des demandes.

Nous avons donc plus que jamais besoin de vous. C’est un cri d’alarme que nous poussons.

Retrouvez toutes les modalités pour faire un don à notre association ou nous rejoindre >ici< .

Nous vous rappelons que vous pouvez aussi devenir famille d’accueil.

Merci par avance !

En 2022, enjambons les frontières

En ce début 2022, les Voisins solidaires de Versailles, au moment de présenter leur bilan 2021, ont compris qu’une année calendaire ne se découpe désormais plus en mois ou en saisons, mais en vagues. Après de longues périodes de couvre-feu, de confinements ou d’interdictions, la pandémie aura continué à peser sur nos activités sans pour autant menacer leur existence. La plupart de nos pôles ont continué ou recommencé à fonctionner (cf plus bas) et nous nous en réjouissons. Mais sans effusion pour autant : nous sommes bien placés pour témoigner du sort des réfugiés en France, qui demeure préoccupant, voire parfois révoltant. Le récent et prévisible drame de Calais peut apparaître comme le summum des injustices et dysfonctionnement politiques dont les acteurs sociaux et associations s’émeuvent. Pétitions, manifestations et actions circonstanciées ont donc rythmé 2021, avec par exemple le réseau AMY, dont VSV fait partie. Le sort des Afghans fuyant les talibans, les tentations sécuritaires de l’Europe (et pas seulement à la frontière Pologne-Biélorussie) et les conditions épouvantables d’exil pour des migrants manipulés par les stratégies géopolitiques ont teinté de sombre ces derniers mois. En 2022, les Voisins solidaires de Versailles redoubleront d’initiatives mais aussi de vigilance : la campagne présidentielle a déjà commencé à cibler les réfugiés, et le fond de l’air identitaire s’annonce nauséabond.

Mais avant de détailler nos activités, permettez-nous de vous souhaiter une bonne, une meilleure année 2022, sanitairement sous contrôle. Nous vous rappelons que vos dons ou adhésions sont toujours précieux. Vous pouvez soutenir dès maintenant nos actions pour l’année qui débute : la marche à suivre se trouve à la toute fin de ce texte.

En 2021, notre pôle hébergement d’urgence a accueilli 85 personnes, qui ont bénéficié de 1 189 nuits d’hôtel et d’une aide alimentaire. 35 enfants, 27 femmes et 21 hommes (chiffres arrêtés au 19 décembre) ont, grâce aux dons que nous avons reçus, pu échapper aux nuits dans la rue, les halls de gare ou aux urgences hospitalières… Actuellement, nous venons en aide à un couple avec deux enfants et deux femmes seules avec deux enfants chacune. Mais d’autres demandes viennent de nous parvenir, en cette période cruciale où l’angoisse sanitaire contraste avec le besoin de sérénité de chacun. Une bonne nouvelle, notre réseau de familles accueillantes, mis en sommeil dès le début de la pandémie en mars 2020, recommence à héberger des exilés en déshérence, mais la virulence des variants du Covid ralentit le mouvement. Sur les vingt-cinq familles recensées, huit étaient disponibles dès novembre. L’appel aux dons que nous avons lancé il y a deux mois va nous permettre de parer à nombre d’imprévus à court et moyen termes. Nous avons déjà récolté plus de 12 000 euros, un bel élan de solidarité auquel il est bien entendu encore possible de participer. À noter que Philippe Domergue, membre de VSV Hébergement d’urgence, a reçu la Médaille de l’engagement à l’Assemblée nationale qui récompense ses nombreuses activités associatives, notamment avec AMD.

Depuis l’été 2020, VSV aide les réfugiés ayant obtenu leurs papiers à trouver du travail chez les exploitants agricoles. Cette initiative s’est concrétisée dans la région de Chartres où les cultivateurs ont ouvert leurs portes à des saisonniers. Cette année, douze jeunes Somaliens ont été embauchés par notre entremise pour du ramassage de pommes de terre, du dépierrage, du désherbage et l’exploitation du miscanthus. Pas moins de 40 400 euros de salaire leur ont été versés, aidant à leur intégration et leur donnant l’occasion de participer, à leur tour, en payant des charges sociales, aux contributions générales pour la solidarité. VSV les a de plus aidés à se loger sur place avec la location de deux appartements.

Au rythme d’une à deux par mois, les sorties culturelles ont continué à faire découvrir les richesses patrimoniales de notre territoire, pour une meilleure perception de notre histoire. Entre dix et vingt garçons à fois, des visites guidées et une prestigieuse collection de lieux : le musée du Quai Branly, le Louvre, le Petit Palais avec l’exposition de Jean-Michel Othoniel, le Musée d’Art moderne et ses quartiers environnants et bien entendu le Château de Versailles ont fait partie des plus récentes escapades.

Mis entre parenthèses depuis le printemps 2020 à cause des mesures sanitaires, les cours de français ont pu recommencer voici quelques semaines. Ils se déroulent deux fois par semaine dans les locaux de la Croix-Rouge, qui a déménagé l’an passé des Mortemets de Versailles à Trappes. Quatre enseignantes se partagent une trentaine d’élèves répartis en deux niveaux.

Les joueurs du Phénix, eux, ne se sont pas fait prier pour reprendre le chemin du stade de Jussieu dès que le gouvernement a autorisé le sport en plein air. Entre vingt et trente joueurs viennent s’entraîner chaque semaine (souvent sur un demi-terrain !) avec un enthousiasme non démenti. Les anciens des Mortemets se déplacent des villes avoisinantes (Trappes, Plaisir, Saint Quentin…) pour retrouver leurs équipiers versaillais, d’autres viennent de Louveciennes, Paris ou du Vexin pour nous rejoindre. Ces dernières semaines, les footballeurs du Phénix ont été filmés pour un reportage du nouveau média social ENTR, ont rencontré un footballeur et un réalisateur palestiniens venus en France présenter un documentaire sur l’équipe des footballeurs handicapés de Gaza ; ils sont allés au Parc des Princes pour assister à la rencontre de Ligue des Champions féminine PSG/Real. Ils sont invités ce dimanche 2 janvier par la mairie et le FC Versailles à assister au 16e de finale de Coupe de France opposant au stade Montbauron le FCV à La Roche Vendée Football. Le Phénix fêtera son 200e entraînement le 6 février prochain.

Enfin, plus d’un an après notre appel aux dons de vêtements en faveur des réfugiés en provenance des camps de tentes franciliens, des offres continuent à nous parvenir. Récemment vingt couettes et oreillers ont été livrés aux Mortemets, des sacs d’habits ont été préparés par la Ressourcerie “Le petit bazar” de la Celle-Saint-Cloud. Une entreprise versaillaise va très prochainement organiser une collecte parmi ses employés. Les initiatives individuelles elles aussi se poursuivent : juste après Noël, une dame et sa fille sont venues d’Aubergenville nous apporter sept gros cartons, suite à un décès familial. Elles étaient prêtes à partir à Calais si elles n’avaient pas découvert notre existence sur internet ! Depuis l’hiver dernier, 85 personnes se sont déplacées et 170 sacs, cartons ou valises ont été récoltés… N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des habits d’hiver pour hommes : taille M ou L, surtout des pantalons de survêt, jeans, mais pas de pantalons en toile style “ville” ou bureau. Pas de chemises, mais des T-shirts manches longues (ou courtes), pulls, manteaux, blousons, sous-vêtements (caleçons), écharpes, gants, bonnets, chaussettes, tennis ou chaussures d’hiver (pas de chaussures de ville légères). Téléphone : 06 17 04 23 35 ou


Pour soutenir nos actions, vous pouvez suivre ces liens pour :

  • un don sur la plateforme HelloAsso – avec votre carte bancaire (le reçu fiscal est généré automatiquement).

Vous pouvez également adresser un chèque à l’ordre des Voisins Solidaires de Versailles, Maison des associations et de l’emploi, 2 bis place de Touraine, 78000 Versailles en indiquant votre adresse, votre mail et la nature de votre participation (don et/ou adhésion) et pour les dons, sa destination (VSV général ou un pôle : français, football, hébergement d’urgence, sorties culturelles), sans oublier votre adresse mail pour nous permettre de vous envoyer un reçu fiscal.

De la part des Voisins solidaires de Versailles, merci !