En 2022, enjambons les frontières

En ce début 2022, les Voisins solidaires de Versailles, au moment de présenter leur bilan 2021, ont compris qu’une année calendaire ne se découpe désormais plus en mois ou en saisons, mais en vagues. Après de longues périodes de couvre-feu, de confinements ou d’interdictions, la pandémie aura continué à peser sur nos activités sans pour autant menacer leur existence. La plupart de nos pôles ont continué ou recommencé à fonctionner (cf plus bas) et nous nous en réjouissons. Mais sans effusion pour autant : nous sommes bien placés pour témoigner du sort des réfugiés en France, qui demeure préoccupant, voire parfois révoltant. Le récent et prévisible drame de Calais peut apparaître comme le summum des injustices et dysfonctionnement politiques dont les acteurs sociaux et associations s’émeuvent. Pétitions, manifestations et actions circonstanciées ont donc rythmé 2021, avec par exemple le réseau AMY, dont VSV fait partie. Le sort des Afghans fuyant les talibans, les tentations sécuritaires de l’Europe (et pas seulement à la frontière Pologne-Biélorussie) et les conditions épouvantables d’exil pour des migrants manipulés par les stratégies géopolitiques ont teinté de sombre ces derniers mois. En 2022, les Voisins solidaires de Versailles redoubleront d’initiatives mais aussi de vigilance : la campagne présidentielle a déjà commencé à cibler les réfugiés, et le fond de l’air identitaire s’annonce nauséabond.

Mais avant de détailler nos activités, permettez-nous de vous souhaiter une bonne, une meilleure année 2022, sanitairement sous contrôle. Nous vous rappelons que vos dons ou adhésions sont toujours précieux. Vous pouvez soutenir dès maintenant nos actions pour l’année qui débute : la marche à suivre se trouve à la toute fin de ce texte.

En 2021, notre pôle hébergement d’urgence a accueilli 85 personnes, qui ont bénéficié de 1 189 nuits d’hôtel et d’une aide alimentaire. 35 enfants, 27 femmes et 21 hommes (chiffres arrêtés au 19 décembre) ont, grâce aux dons que nous avons reçus, pu échapper aux nuits dans la rue, les halls de gare ou aux urgences hospitalières… Actuellement, nous venons en aide à un couple avec deux enfants et deux femmes seules avec deux enfants chacune. Mais d’autres demandes viennent de nous parvenir, en cette période cruciale où l’angoisse sanitaire contraste avec le besoin de sérénité de chacun. Une bonne nouvelle, notre réseau de familles accueillantes, mis en sommeil dès le début de la pandémie en mars 2020, recommence à héberger des exilés en déshérence, mais la virulence des variants du Covid ralentit le mouvement. Sur les vingt-cinq familles recensées, huit étaient disponibles dès novembre. L’appel aux dons que nous avons lancé il y a deux mois va nous permettre de parer à nombre d’imprévus à court et moyen termes. Nous avons déjà récolté plus de 12 000 euros, un bel élan de solidarité auquel il est bien entendu encore possible de participer. À noter que Philippe Domergue, membre de VSV Hébergement d’urgence, a reçu la Médaille de l’engagement à l’Assemblée nationale qui récompense ses nombreuses activités associatives, notamment avec AMD.

Depuis l’été 2020, VSV aide les réfugiés ayant obtenu leurs papiers à trouver du travail chez les exploitants agricoles. Cette initiative s’est concrétisée dans la région de Chartres où les cultivateurs ont ouvert leurs portes à des saisonniers. Cette année, douze jeunes Somaliens ont été embauchés par notre entremise pour du ramassage de pommes de terre, du dépierrage, du désherbage et l’exploitation du miscanthus. Pas moins de 40 400 euros de salaire leur ont été versés, aidant à leur intégration et leur donnant l’occasion de participer, à leur tour, en payant des charges sociales, aux contributions générales pour la solidarité. VSV les a de plus aidés à se loger sur place avec la location de deux appartements.

Au rythme d’une à deux par mois, les sorties culturelles ont continué à faire découvrir les richesses patrimoniales de notre territoire, pour une meilleure perception de notre histoire. Entre dix et vingt garçons à fois, des visites guidées et une prestigieuse collection de lieux : le musée du Quai Branly, le Louvre, le Petit Palais avec l’exposition de Jean-Michel Othoniel, le Musée d’Art moderne et ses quartiers environnants et bien entendu le Château de Versailles ont fait partie des plus récentes escapades.

Mis entre parenthèses depuis le printemps 2020 à cause des mesures sanitaires, les cours de français ont pu recommencer voici quelques semaines. Ils se déroulent deux fois par semaine dans les locaux de la Croix-Rouge, qui a déménagé l’an passé des Mortemets de Versailles à Trappes. Quatre enseignantes se partagent une trentaine d’élèves répartis en deux niveaux.

Les joueurs du Phénix, eux, ne se sont pas fait prier pour reprendre le chemin du stade de Jussieu dès que le gouvernement a autorisé le sport en plein air. Entre vingt et trente joueurs viennent s’entraîner chaque semaine (souvent sur un demi-terrain !) avec un enthousiasme non démenti. Les anciens des Mortemets se déplacent des villes avoisinantes (Trappes, Plaisir, Saint Quentin…) pour retrouver leurs équipiers versaillais, d’autres viennent de Louveciennes, Paris ou du Vexin pour nous rejoindre. Ces dernières semaines, les footballeurs du Phénix ont été filmés pour un reportage du nouveau média social ENTR, ont rencontré un footballeur et un réalisateur palestiniens venus en France présenter un documentaire sur l’équipe des footballeurs handicapés de Gaza ; ils sont allés au Parc des Princes pour assister à la rencontre de Ligue des Champions féminine PSG/Real. Ils sont invités ce dimanche 2 janvier par la mairie et le FC Versailles à assister au 16e de finale de Coupe de France opposant au stade Montbauron le FCV à La Roche Vendée Football. Le Phénix fêtera son 200e entraînement le 6 février prochain.

Enfin, plus d’un an après notre appel aux dons de vêtements en faveur des réfugiés en provenance des camps de tentes franciliens, des offres continuent à nous parvenir. Récemment vingt couettes et oreillers ont été livrés aux Mortemets, des sacs d’habits ont été préparés par la Ressourcerie “Le petit bazar” de la Celle-Saint-Cloud. Une entreprise versaillaise va très prochainement organiser une collecte parmi ses employés. Les initiatives individuelles elles aussi se poursuivent : juste après Noël, une dame et sa fille sont venues d’Aubergenville nous apporter sept gros cartons, suite à un décès familial. Elles étaient prêtes à partir à Calais si elles n’avaient pas découvert notre existence sur internet ! Depuis l’hiver dernier, 85 personnes se sont déplacées et 170 sacs, cartons ou valises ont été récoltés… N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des habits d’hiver pour hommes : taille M ou L, surtout des pantalons de survêt, jeans, mais pas de pantalons en toile style “ville” ou bureau. Pas de chemises, mais des T-shirts manches longues (ou courtes), pulls, manteaux, blousons, sous-vêtements (caleçons), écharpes, gants, bonnets, chaussettes, tennis ou chaussures d’hiver (pas de chaussures de ville légères). Téléphone : 06 17 04 23 35 ou


Pour soutenir nos actions, vous pouvez suivre ces liens pour :

  • un don sur la plateforme HelloAsso – avec votre carte bancaire (le reçu fiscal est généré automatiquement).

Vous pouvez également adresser un chèque à l’ordre des Voisins Solidaires de Versailles, Maison des associations et de l’emploi, 2 bis place de Touraine, 78000 Versailles en indiquant votre adresse, votre mail et la nature de votre participation (don et/ou adhésion) et pour les dons, sa destination (VSV général ou un pôle : français, football, hébergement d’urgence, sorties culturelles), sans oublier votre adresse mail pour nous permettre de vous envoyer un reçu fiscal.

De la part des Voisins solidaires de Versailles, merci !

Nawrooz plus haut sur l’échelle

Photo Sud-Ouest/Romuald Augé

Il avait fait le choix de tenter sa chance loin de ses amis et de l’île-de-France. Nawrooz Shojaie, que les Voisins Solidaires connaissent bien depuis qu’il fut hébergé pendant deux ans au centre des Mortemets à Versailles, a gagné son pari. Parti en mars 2019 suivre une formation de couvreur en Charente-Maritime, le jeune réfugié a obtenu son diplôme, sortant même major de sa promotion. Soutenu par les Compagnons du devoir et l’association Habitat et Humanisme, celui qui a quitté l’Afghanistan en 2015 a très vite gagné la confiance d’une entreprise de l’Île de Ré spécialisée dans les chantiers de couverture et de charpente. Après avoir pris Nawrooz en apprentissage et en CDD, ses dirigeants se félicitent aujourd’hui de sa spécialité en zinguerie et lui promettent une embauche définitive. Un modèle de coopération entre les mondes professionnel et associatif, rendu possible par le courage et la détermination de Nawrooz Shojaie, Cela n’a pas échappé au quotidien Sud-Ouest, qui consacre deux pages à son histoire. 

Photo olivier-tradition.fr